Tout en prenant des gants, rappelant notamment que l’effondrement soudain d’un immeuble est « un événement très rare »« force est de constater, écrivent-ils, que ni les experts désignés dans le cadre des procédures administratives et civiles, ni les autres techniciens et sachants pourtant parfaitement informés de la situation de dangerosité dans laquelle les deux immeubles se trouvaient, comme de l’urgence du péril, n’ont été en mesure de prévenir la survenance du sinistre ».

De multiples « occasions manquées »

Construits au milieu du XVIIe siècle, l’immeuble du 63, rue d’Aubagne était la propriété depuis 2016 de la société d’économie mixte Marseille Habitat et il était inoccupé, tandis que le 65 était une copropriété habitée. C’est là que les victimes ont été englouties dans l’effondrement. Son jumeau, le 67 était inoccupé, propriété d’un cabinet immobilier marseillais.

Du fait de conflits civils entre les propriétaires des trois immeubles, ce ne sont pas moins de neuf expertises judiciaires qui ont été menées depuis septembre 2005, la dernière visite d’un collège de spécialistes ayant eu lieu quelques jours seulement avant le drame, le 25 octobre 2018. Des années jalonnées de multiples « occasions manquées », notent M. Mazaud et M. de Lépinay.

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Une date apparaît essentielle : le 20 octobre 2017, un an plus tôt. Ce jour-là, un expert, Reynald Filipputti, écrit aux services de la sécurité civile pour attirer l’attention de la municipalité « sur les risques encourus par les occupants du 65, rue d’Aubagne ». Jointe à cette alerte, une note de Betex Ingénierie, un bureau d’études qui a été missionné pour analyser le mur mitoyen commun au 65 et au 67, rue d’Aubagne. Evoquant l’état de dégradation de cet ouvrage mais également du mur mitoyen entre le 65 et 63, les ingénieurs écrivent : « Ces désordres représentent un risque réel pour les biens et les personnes à court terme. »