LA FIN de la cavale de Khaled Kelkal et de ses trois complices de Vaulx-en-Velin éclaire d’un jour nouveau la série d’attentats commis en France cet été. Des armes et des munitions retrouvées sur le campement de fortune où se cachaient les apprentis maquisards, et sur le cadavre de Khaled Kelkal, semblent en effet correspondre à celles retrouvées aux côtés du corps de l’imam Abdelbaki Sahraoui, assassiné le 11 juillet à Paris, et lors de la fusillade de Bron (Rhône), le 15 juillet, entre des jeunes délinquants et des policiers.
Un premier examen des armes et des munitions saisis dans les monts du Lyonnais conduit aujourd’hui les enquêteurs à penser que le « groupe Kelkal » pourrait être responsable de l’assassinat de l’imam de la rue Myrha. « Cette hypothèse est très fortement envisagée », indiquait-on, samedi matin, de bonne source. Retrouvés dans le campement de fortune des fuyards, les deux fusils de chasse à canon scié et leurs munitions « pourraient correspondre », indique prudemment une source proche de l’enquête, au fusil de chasse utilisé contre le cheikh Sahraoui et dans la poursuite de Bron. Les marques de certaines cartouches retrouvées dans les bois du Lyonnais étaient identiques à celles qui avaient été précédemment saisies, soit dans la mosquée de la rue Myrha, soit dans la voiture de la fusillade de Bron une Seat Ibiza, dont Kelkal était l’utilisateur principal.
EXPERTISES
Ces premières constatations devront, toutefois, être confirmées par l’analyse balistique des fusils. De la même manière, le pistolet utilisé par Kelkal contre les gendarmes une arme de calibre 7,65 et de marque française Mab , ainsi que la cinquantaine de cartouches qui restaient en sa possession au moment de sa mort, font l’objet d’expertises approfondies. Il s’agit de savoir si le pistolet et ses munitions correspondent à l’arme de poing avec laquelle l’un des assassins de l’imam Sahraoui avait tué un étudiant qui avait tenté d’arrêter les deux meurtriers. Dès que son état de santé le permettra, Karim Koussa, le complice de cavale de Khaled Kelkal blessé lors de la fusillade sur les lieux du campement, sera interrogé sur la participation du « groupe Kelkal » à ces attentats.
Les énigmes demeurent en effet nombreuses après la mort de celui que les enquêteurs considèrent comme le « leader » de cette équipe originaire de Vaulx-en-Velin. Se connaissant depuis l’enfance, Kelkal et Koussa avaient grandi ensemble, puis versé dans la petite et moyenne délinquance, avant de se retrouver en cavale. Il est trop tôt pour affirmer qu’ils sont responsables des attentats commis en France depuis le mois de juillet, de l’explosion de la rame du RER Saint-Michel (sept morts, le 25 juillet) à celle de la voiture piégée devant l’école juive de Villeurbanne (le 7 septembre, quatorze blessés). Il est néammoins troublant que des engins similaires aient été utilisés des bouteilles de gaz remplies de mitraille , y compris dans la tentative avortée contre le TGV Lyon-Paris, le 26 août. Or, deux empreintes digitales de Kelkal avaient été retrouvées sur un ruban adhésif placé sur la bonbonne de gaz qui n’avait pas explosé au passage du train. L’une de ces empreintes peut être qualifiée de « preuve judicaire ».